Treize siècles se sont écoulés, et cependant, beaucoup d´énigmes subsistent. Une exposition installée au musée archéologique régional d’Alcalá de Henares, à Madrid, tente de faire la lumière sur ces mystères .
Nous sommes en 711. Une dynastie de rois wisigoths règne sur la péninsule ibérique. Witiza gouverne, fils d´Egica, descendant de Chindasvinto. A ces côtés, une cour de nobles ambitieux conspire. Rois et ducs s’empêtrent dans d’atroces guerres dynastiques, intestines. Le sang coule.
Hors des murs des palais, la peste fait des ravages. La famine rôde, entraînant derrière elle mort et désolation. Par ailleurs, le jeune et luxurieux roi convoite la fille du comte Don Julian, gouverneur wisigoth de Ceuta, perle du littoral, enclavée de l’autre côté du détroit.
Mais l´honneur wisigoth, de lignée germanique, entre en jeu, tandis que le comte irrité, constate la ruée vers l’Europe, de centaines de guerriers, parés d’étendards verts et noirs. Ces hommes viennent des déserts de l’Arabie. En à peine soixante ans, ils ont conquis le Yémen, la Syrie, la Palestine, La Perse, l´Irak, l´Égypte, la Libye, la Tunisie, et presque la totalité du Maroc. Ils parlent d’un prophète qui a entendu le message divin dans une cave du désert : Muhammad. Son nom sur les lèvres, ils s’apprêtent à envahir la péninsule. Le comte Don Julian, outré par Witiza, et rival de Rodrigo, est prêt à collaborer avec les nouveaux venus. Il connaît peu la nouvelle foi qui les anime ; mais il croit que l’offre d’un butin abondant et quelques pillages vont calmer l’appétit de ces fougueux cavaliers, qui bientôt rentreraient dans leurs foyers. Grande erreur!
Une première tentative débarque 400 musulmans venus de Ceuta, aux plages de Cadix. Rodrigo, duc de la Bétique, l’une des sept provinces du règne wisigoth, vient à leur rencontre. Le duc, candidat à la succession du récent défunt Witiza, arrive à les retenir et les expulse. Mais il doit rapidement s’en retourner au nord-est de la péninsule où Agila lui dispute le sceptre, en Catalogne– Gotha-land-, terre gothique également.
Mais les sarrasins ont retenu la leçon. Ils savent qu’ils peuvent compter sur le comte Don Julian, avec l’évêque Oppas, frère de Witiza, et de nombreux autres nobles qui ne veulent pas de Rodrigo comme roi. Le prophète a besoin de plus d´hommes. Ils seront recrutés chez les berbères, récemment convertis à la nouvelle foi. Ils sont déjà 12.000 combattants. Au cri de: «Bishmillah e Rahmani e Rahim» (au nom du dieu clément et miséricordieux), Tarik passe le détroit de Gibraltar – Gebel Tarik -, et ses hommes se déploient le long de la lagune de la Janda (Cadix), entre Algésiras et Tarifa. Rodrigo va à leur rencontre, brandissant son épée lors des nombreux combats.
Le choc est atroce. Des groupes de nobles abandonnent Rodrigo. Il est assiégé, blessé, et finalement périt dans les marais. Son corps n’a été jamais trouvé.
Tariq ibn Zayid, commandant des sarrasins, continue son avancée jusqu’à Séville, Cordoue, puis Grenade et Murcie. En peu de mois, les troupes d´Allah ont encerclé Tolède.
Comment fut-il possible qu’un détachement de moins de 12000 guerriers musulmans ait réussit en quelques mois cet exploit : percer de Gibraltar à Tolède, pour monter jusqu’en Galice, en Aragon et en Catalogne, et soumettre ainsi entièrement un règne solide et stable comme celui de l’Hispanie wisigothe ?
L’exposition d’Alcalá donne bon nombre de réponses à ces questions, expliquant cette époque charnière, qui depuis le déclin de l’empire wisigoth au début du VIIIème siècle, a marqué l’impétueuse et durable entrée de l’islam en Espagne, pour s’imposer et maintenir en Al-Andalus sa vision du monde et huit siècles de pouvoir.
Le fascinant sujet de l’exposition 711, Archéologie et histoire entre deux mondes, est exposé au musée archéologique que dirige le paléontologue Enrique Baquedano jusqu’en avril.
Horaires jusqu’au 1 er Avril : samedis de 11h00 à 19h00 – dimanche jusqu’à 15h00 – fermé les lundis
Accès libre – Museo Arqueologico Regional. Plaza de las Bernardas s/n. Alcala de Henares
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