l’Andalousie de l’époque moderne à l’époque contemporaine (3/5)
Le XIXème siècle
En 1805, l’alliance entre Charles IV et Napoléon décida la participation de l’Espagne dans la guerre navale qui se livrait contre l’Angleterre. La bataille de Trafalgar, qui eut lieu au large des côtes gaditanes, se solda par l’échec de la flotte franco-espagnole. En 1808, les troupes napoléoniennes entrèrent dans la Péninsule Ibérique donnant le prétexte de s’associer à l’Espagne pour envahir le Portugal. En fait, Napoléon trompe le gouvernement espagnol et en profite pour s’emparer du pouvoir. Cet évènement donna lieu à une insurrection populaire et à la Guerre d’Indépendance, dans laquelle l’Andalousie eut un rôle déterminant dans la résistance face à l’envahisseur, en particulier avec la bataille de Bailén, qui fut la première victoire espagnole sur les français. Le 19 mars 1812, l’assemblée constituante de Cadix (Cortes de Cádiz) proclame la première constitution libérale d’Espagne appelée populairement la Pepa. La constitution fut assermentée par le roi Fernando VII à son retour en Espagne, mais il ne tardera pas à l’annuler et à restaurer l’absolutisme.
L’Andalousie se caractérise alors par sa défense du progressisme face à l’absolutisme de Fernando, Cadix étant le bastion libéral principal, et Gibraltar servant de base de réunion aux progressistes, étant un lieu propice à la fuite en cas de besoin. En 1820, après le putsch manqué de Rafael de Riego à Las Cabezas de San Juan, à Arcos de la Frontera et d’autres villes andalouses, les évènements en Galice poussèrent Fernando VII à assumer la constitution, donnant le pas au triennat libéral, durant lequel le roi continua de conspirer pour rétablir l’absolutisme. En 1823, l’armée française (appelée les « Cents Mille Fils de Saint Louis ») envahit l’Espagne et les libéraux se réfugbièrent à Cadix, Fernando VII en otage. La ville résista à un long siège qui prit fin avec un pacte stipulant la remise en liberté du roi en échange de son approbation de la constitution de 1812. Le pacte fut accepté, mais à peine libéré, le roi Fernando libéré, il revint à l’absolutisme, marquant le début de la « décennie abominable ».
Avec la mort de Fernando VII et l’apparition du carlisme, l’Andalousie libérale réagit en 1835 par la création d’assemblées (juntas) libérales provinciale fédérées et qui formèrent l’Assemblée Suprême d’Andalousie, dont le siège se trouvait à Andújar (province de Jaén), et dont l’objectif était les réformes progressistes, notamment par la substitution du Comte de Toreno par Mendizábal et du statut royal par une nouvelle constitution libérale.
Sous le règne d’Isabelle II, la constitution de 1845 donna à nouveau plus de pouvoir à la monarchie et le caciquisme devint une constante de la politique nationale. On assista à des tentatives d’industrialisation à Malaga et Séville qui échouèrent en raison des mauvaises infrastructures du pays à cette époque. Le mécontentement général mena à la révolution de 1868, aussi appelée « la Glorieuse ». Elle pris forme à Cadix d’où elle s’étendit au reste du pays, débouchant sur le « Sexenio Revolucionario », sur la proclamation de la première république en 1873, et sur la révolution cantonale à caractère fédéraliste. Cette dernière fut très active en Andalousie (Cantón de Cádiz). La restauration de la monarchie, menée par le malaguène Antonio Cánovas del Castillo, fut à l’origine d’une nouvelle constitution en 1876, ainsi que d’une grande immobilité politique favorisé par le bipartisme (aggravant par la même occasion la situation de caciquisme déjà régnante).
Tout le XIXème siècle en Andalousie fut dominé par le sous-développement, atteignant des niveaux de chômage et de famine extrêmes, mais l’activité politique y a été importante. Depuis l’invasion française de 1808 et jusqu’en 1898, il se produisit un long processus d’indépendance des colonies d’outremer. Le banditisme s’intensifia, les problèmes endémiques ne se résolurent pas et la société andalouse pris du retard par rapport aux autres régions espagnoles, européennes ou américaines. La classe bourgeoise (dépendante du capitalisme) ne se développa pas normalement non plus, principalement en raison de l’échec de la révolution industrielle andalouse, de la mauvaise gestion du désamortissement et de l’absence d’une réforme agraire authentique. L’abolition des autorités juridictionnelles dans une région tellement féodalisée depuis le bas moyen-âge plongea l’Andalousie dans une grande précarité économique, à laquelle il faut ajouter le problème politique du caciquisme qui fit naître un fort mouvement anarchiste parmi les classes ouvrières dont l’exemple le plus mémorable demeure la « Mano Negra » (présumée organisation anarchiste secrète et violente).
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Voir aussi
HISTOIRE DE L’ANDALOUSIE – RESUME
DE LA PREHISTOIRE A LA BETIQUE ROMAINE
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