Boabdil, dernier Roi Musulman d’Espagne (1/2)

Appelé Boabdil par les Castillans victorieux,  et « l’Infortuné » par ses propres sujets, Abu ábd-Allah Muhammed XII fut le dernier souverain maure al-Andalou.


"Sortie de la famille de Boabdil de l'Alhambra" (1880), peinture de Manuel Gómez-Moreno González

« Sortie de la famille de Boabdil de l’Alhambra » (1880), peinture de Manuel Gómez-Moreno González

On a donné son nom à des restaurants, des hammams, et des lycées, et sa vie est devenue une légende populaire, mais que savons-nous vraiment de Boabdil, le dernier roi musulman de Grenade ? La tragédie de son règne bref aurait pu être éclipsée par le règne, nouveau, des catholiques Ferdinand et Isabelle d’Espagne; mais son histoire, faite de drame, d’amour, et de trahison, a survécu aux siècles.

Les Nasrides et la Reconquête

Pour comprendre ces récits du Bas Moyen-Âge, nous devons savoir ce qu’il se passait ailleurs, dans la Péninsule Ibérique. Depuis le 8ème siècle après J.-C., une grande partie du territoire avait été gouvernée par une série de dynasties musulmanes, tandis qu’au Nord, ce qui restait des  populations chrétiennes déplacées, s’était progressivement regroupé, pour former des royaumes indépendants.

Dès le début, les Chrétiens ont commencé à agrandir leur territoire ; c’est ce que l’on a appelé Reconquête ou Reconquista. Malgré les conflits, le royaume musulman d’al-Andalus  fut à cette époque, le centre européen de la culture, de la réussite artistique et de l’excellence scientifique. Dans le même temps, une très profonde tolérance accompagnait les habitants juifs et chrétiens de ces terres Islamiques.

La dynastie Nasride fut fondée en 1232, et donna la dernière lignée de souverains musulmans. Avec la ville de Grenade comme capitale, ils gouvernèrent un royaume toujours plus petit. Cependant, leur courte dynastie rayonna de manière brève et spectaculaire, puisque ce sont les  Nasrides qui construisirent ce parangon islamique d’art et de culture, l’Alhambra.

Lutte Familiale

Malgré ces dernières années de gloire, le destin du royaume de Grenade était joué. En 1469, le mariage de Ferdinand d’Aragon avec Isabelle de Castille a ouvert la voie à un état chrétien  Espagnol unifié, ultime menace aux derniers autochtones d’Al-Andalus.

Boabdil, fils d’Abu I-Hasan Ali Muhammed XI est né à Grenade vers 1459. Le peu que nous sachions de sa jeunesse suggère que sa mère, Aixa, l’ait monté contre son père. Aixa avait de bonnes raisons d’en vouloir à son mari, puisqu’il l’avait repoussée pour une concubine chrétienne, Isabelle de Solis.

Devant affronter un père hostile et une mère intrigante, Boabdil trouva refuge auprès de sa femme, Morayma. La fille d’Ali Atar, gouverneur de la ville voisine de Loja, épousa Boabdil à quinze ans. Des témoignages de l’ époque racontent que le couple était très uni, mais que Morayma souffrit profondément des longues absences de son mari.

La Bataille de Lucena

Soutenu par de puissants seigneurs alliés, Boabdil eut l’opportunité de prendre le pouvoir en 1482 : son père avait lourdement imposé les habitants de Grenade qui s’étaient révoltés. Cependant, il eut peu de temps pour profiter de son règne. Avec l’armée de Ferdinand et d’ Isabelle de Castille aux frontières, le nouveau souverain de Grenade n’avait d’autre choix, que de défendre son royaume.

En 1483, il assiégea la ville de Lucena (province de Cordoue), avec 10.000 soldats et cavaliers ;  il avait pour fidèle allié son beau-père,  Ali Atar. Les choses se déroulèrent mal pour Boabdil : l’armée du Comte de Cabra surprit les troupes grenadines d’un côté, permettant à celles de Lucena d’attaquer l’autre flanc, en déroute. L’ histoire raconte qu’Ali Atar a été tué dans la bataille, mais pire encore, que Boabdil a été capturé et fait prisonnier. Ferdinand et Isabelle avaient réussi. Les monarques catholiques étaient beaucoup trop intelligents pour exécuter leur prisonnier et Boabdil resta plusieurs mois dans la célèbre tour octogonale, à Porcuna (province de Jaen ), puis au château de Lucena. La capture de Boabdil donna à son père l’opportunité de reprendre l’Alhambra , avec l’aide de son frère puissant et ambitieux, Muhammed ibn Sa’d Al-Zagal, Seigneur de Malaga.

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