Histoire de la Mosquée-Cathédrale de Cordoue 2/2

Troisième Période de la mosquée : Abd-el-Rahman III

(de 912 à 966 après J.-C.)

L’émir Abd-er-Rahman III monta sur le trône à l’âge de 23 ans, après que son grand-père ait tué son père. Ce meurtre fut le résultat de luttes intestines. Le règne d’Abd-er-Rahman III marqua l’apogée de l’âge d’or cordouan en Andalousie.


Salle des colonnes - Mosquée de Cordoue

Salle des colonnes – Mosquée de Cordoue

Cette dramatique histoire familiale détermina la suite : les ennemis furent écrasés ; les efforts portés sur l’agriculture, grandement récompensés ; les monuments, immortalisés ; des idées nouvelles firent référence. Les infidèles souffrirent énormément. Finalement, il ne resta plus aucun opposant en Al-Andalus sous le règne de cet émir.

Chacun préféra « vivre en paix » plutôt que de s’opposer à lui. Son royaume prospéra. L’émir Abd-er-Rahman créa l’Université de Cordoue, dans la Grande Mosquée. Il ne fit aucune extension à l’intérieur, mais fit construire sa propre mosquée aljama. Lors de  la construction de la fabuleuse Medina Azahara , magnifique ensemble royal , une très belle mosquée fut aussi édifiée. Furent ainsi exécutés à la Grande Mosquée de Cordoue : le Patio de la Cour des Naranjos ; l’agrandissement du Sahn; des arcades bordant le Patio, d’une largeur de six mètres, appelées Riwaq (galeries couvertes, entourant la cour).

Le Minaret fut reconstruit. Celui d’Abd er-Rahman III devança tous les minarets futurs ; il était beaucoup plus haut, plus de quarante-huit mètres. Trois sphères, imposantes et spectaculaires, en forme de grenadier, le surplombaient. Deux d’argent, une d’or. Chacune pesait plus d’une tonne. Son Minaret, cependant, n’est pas resté.

Quatrième Période : Calife II el-Hakam (de 961 à 976 après J.-C.)

El Hakam II fut le Calife le plus cultivé, et fidèle à sa religion. Lorsqu’il accéda au trône, le Calife avait acquis une grande expérience, surveillant la construction et la décoration de Madinat az-Zahra, connue sous le nom de Medina Azahara , nouvelle cité royale.
La première tâche royale que le calife entreprit fut l’extension de la Mosquée, face à la population grandissante de Cordoue. 250 ans auparavant, les Omeyades avaient demandé des conseils aux Chrétiens pour la décoration du bâtiment. El-Hakam II ne fit pas exception. Il pria l’Empereur Chrétien Nicephorus II Phocas de l’aider. Ce dernier y répondit généreusement.

Plus de 320 quintaux (ou 150 tonnes) d’éblouissants morceaux de mosaïque, en feuille d’or, furent envoyés à el-Hakam. Un maître-architecte accompagnait le chargement, son rôle étant d’initier les artisans cordouans à l’art byzantin de la décoration mosaïque. Aucun des matériaux  utilisés dans l’agrandissement de la Mosquée ne fut pillé.
El-Hakam fit appel au savoir-faire local pour créer de nouvelles colonnes et des chapiteaux à la Mosquée. La formation entreprise sous son règne créa un sans précédent de qualité dans l’histoire de la Mosquée. La réunion de la compétence de cet art byzantin, à celle de Damas, en art et architecture,  rivalisa avec l’art de Bagdad de l’époque, combiné aux créations artisanales locales.

Le concept du mihrâb : il naît à l’époque romaine. Les familles romaines construisaient des niches spécifiques dans leurs demeures. Ces niches étaient  consacrées à l’adoration de leurs différents Dieux. Les Chrétiens construisaient leurs églises dans la direction Est-Ouest.
L’idée chrétienne de Dieu, est que Dieu est partout. À l’intérieur d’une église, l’autel fait face à l’Est. L’«Est», pour les Chrétiens, porte la notion de spiritualité. Ceux-ci sont enterrés face à l’est.

L’Islam et le mihrâb : la construction du mihrâb était toujours orientée vers la Kaaba, assurant la bonne orientation pour prier (selon le prophète Mahomet); sa forme particulière permettait une modulation plus nette des paroles de l’Imam.

Le calife el-Hakam II acheva l’histoire grandiose de la Mosquée. Il est difficile de décrire la merveille que sont le maqsura et le mihrâb à la Grande Mosquée de Cordoue. Au cours de son règne, il transforma le mihrâb, simplement orienté vers la Mecque, en une œuvre magnifique.

La Coquille de Saint-Jacques et sa signification :

Un grand bloc de marbre fut sculpté avec précision, en vagues ondulantes, représentant une coquille. Cette structure spécifique illustrait parfaitement la parole du Coran : Source de Vie. Par la suite, une coquille de Saint-Jacques fut toujours intégrée au décor de mihrâb. Pour les Chrétiens, cette coquille est associée à la Vierge Marie ; c’est aussi le récipient utilisé pour verser l’eau du baptême ; la coquille de Saint-Jacques est également souvent reliée à l’eau, et à la genèse de la terre.

De gracieux arcs multi-lobulaires :

Trois nefs aux remarquables arcs multi-lobulaires se trouvent près du mihrâb. Ils paraissent fragiles et élégants, cependant, ils sont beaucoup plus solides que les arcs à double étage visibles. Le  travail de la pierre à claire-voie est typique de l’architecture du califat omeyyade. La minutieuse marqueterie met en valeur une multitude d’étoiles et de chiffres dorés, sur les plafonds. Le travail exceptionnel de la Mosquée ne se retrouvait qu’à Sainte-Sophie.  L’excellence des artisans locaux et la transmission du savoir byzantin devinrent la marque du rôle d’el-Hakam II dans la Mosquée de Cordoue.

Cinquième Période : vingt-quatre ans plus tard. Le Vizir al-Mansur – L’Usurpateur

En 981, le général al-Mansur s’appropria le pouvoir du calife Hisham II, alors mineur. Sa monocratie fut contestée par les chefs religieux. Pour apaiser leur profonde inquiétude, al-Mansur procéda à l’ agrandissement de la Mosquée de Cordoue.

Il le fit côté est. L’extension d’al-Mansur est d’un style différent du précédent. Des vousseaux en calcaire remplacent l’originale alternance des couleurs de brique et de pierre, et sont peints en rouge et blanc. Sept nouvelles portes extérieures sont ajoutées. Des arcades jumelées en fer à cheval furent sa seule contribution artistique.  Et il y mit le prix. Lors des agrandissements, les califes s’ inspirèrent des caractéristiques artistiques et architecturales syro-islamiques, ce qu’al-Mansur ne fit pas.

L’une des portes d’al-Hakim est connue sous le nom de « porte en chocolat ».

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