Céramique et architecture islamique (Alhambra)

Parler de céramique appliquée à la décoration d’édifices tels que l’ Alhambra équivaut à parler d’azulejos (carreaux de faïence) ou d’alicatados (se rapprochant plus de la traduction de carrelage), les deux étant des concepts très similaires, bien que différents par leur étymologie :

Azulejo vient du mot arabe «az-zulayan» et signifie brique vernie

Alicatado vient de l’arabe «al-qat’a’a» et signifie pièce ou azulejo découpé, taillé. Les alicatados sont donc des assemblages de morceaux d’azulejos taillés.

La pièce de céramique, appliquée à la décoration des bâtiments, fait son apparition entre les 11ème et 12ème siècles, et suppose une réelle révolution, bien qu’ à l’ origine, les couleurs étaient moins variées ; la plupart était de couleur bleue, déclinée en plusieurs teintes.

azulejos-arabes-andalousie

Azulejos de l’Alcazar de Séville

Progressivement, les pièces d’azulejos allaient prendre une ample  place, la diversité des couleurs devenant elle-même de plus en plus importante, surtout dans les pays du nord de l’Afrique et en Espagne ; notamment en Andalousie (Alhambra), où cette technique décorative devint une authentique spécialité, atteignant des niveaux de finition et de perfection géométrique impressionnants. Habituellement, la céramique occupait la partie basse des murs, combinée au stuc qui en décorait la partie supérieure.

Cette technique décorative implique un long processus, de la fabrication des pièces, jusqu’au placement de celles-ci sur la paroi. Ce processus débute par l’élaboration d’une pâte composée d’argile et d’eau, pétrie à l’aide d’un rouleau, afin d’obtenir un mélange humide et plastique. Vient ensuite le moulage des pièces standard, nécessaires à la réalisation du motif déterminé. Ce moulage peut être réalisé lorsque la pièce est encore tendre, avant de la cuire, en appliquant la pâte à des moules qui lui donnent la forme souhaitée, ou bien en découpant les pièces une fois qu’ elles sont cuites et sèches. Les pièces se sèchent et cuisent dans un four ou «mufla». Avant le vernissage, la pièce est appelée «bizcocho». On passe ensuite au vernissage.

On obtient les couleurs par des oxydes de différents métaux : le cobalt pour le bleu, le dioxyde de cuivre pour le saphir, le cuivre ou l’oxyde de chrome pour le vert… Chaque couleur, en fonction de son éclat ou de sa finition, exige une cuisson spécifique, raison pour laquelle les pièces sont réintroduites dans le four.

Il est intéressant d’observer la symbolique liée aux différentes couleurs : pour les musulmans, le vert est la couleur du prophète. Curieusement, les drapeaux de tous les pays musulmans en contiennent, surtout celui de l’Arabie Saoudite, berceau de Mahomet et de l’Islam. Le jaune est la couleur du soleil, le bleu la couleur du ciel, du Paradis. Le rouge est la couleur du sang, l’ardeur guerrière ou érotique.

L’agencement et la disposition des pièces ne sont pas réalisés à même le mur : les pièces sont silhouettées, par découpe ou par moulage, puis limées, afin de s’emboîter parfaitement et de correspondre aux motifs auxquels elles appartiennent. Au cours des découpes des pièces à l’aide de règles, ciseaux ou herminettes (« azulea »), beaucoup se cassaient, rendant le coût de fabrication extrêmement élevé. Pour cette raison s’est généralisée la technique des moules en fer, par laquelle on donnait leur forme aux pièces alors qu’ elles étaient encore tendres. Les petits azulejos étaient alors assemblés l’un à l’autre, face contre terre, directement sur le sol, ou sur des panneaux. Quand toutes les pièces étaient en place et ajustées, elles étaient recouvertes de mortier. En séchant, les azulejos formaient un bloc uni et plan, qui pouvait être appliqué à une paroi.

La complexité de certains des motifs, et la petite taille des pièces, exigeaient une grande habilité de la part de l’artisan qui réalisait l’assemblage. Quand la surface à couvrir était courbe, la tâche était d’autant plus ardue. Dans de tels cas, les azulejos étaient assemblés non pas face au sol ou sur des planches, mais sur des surfaces concaves de la forme du mur ou de la voûte à couvrir.

A l’ Alhambra, on distingue deux types de sous-bassement d’azulejos :

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Un premier type (fig.a) dont le motif est composé de 2, 3 ou 4 pièces distinctes, de taille moyenne ou grande, préfabriquées et moulées préalablement, disposées les unes à côté des autres ; elles forment une composition dans laquelle on peut dissocier facilement chacune des pièces géométriques qui configurent l’ensemble (carrés, triangles, étoiles…). C’est l’exemple du sous-bassement dans le Patio de los Arrayanes.

fig.b

fig.b

Un deuxième type (fig.b) est plus complexe :  les dessins sont formés par une multitude de pièces différentes, plus petites, découpées pour la majorité, et qui s’entrecroisent les unes avec les autres formant des réseaux et des interconnexions de dessins géométriques ; il devient plus difficile d’isoler les pièces de leur ensemble. C’est le cas des murs du Salón de Embajadores ou de la Sala del Mexuar.

 

Voir aussi:

LE STUC
LES MOCARABES
LE BOIS

Retour à techniques, recours et éléments décoratifs de l’architecture islamique

 

 

 

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0 réponse à “Céramique et architecture islamique (Alhambra)”

  1. […] (stuc, bois, briques…), c’est sur les revêtements de murs au moyen de pièces de céramique (azulejos ou alicatados) qu’ils ont essentiellement leur place. motifs géométriques de l'art islamique – […]

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