Le stuc dans l’architecture islamique (Alhambra)

A l’ Alhambra, le stuc éblouit partout. Il s’agit sûrement de la ressource décorative la plus largement exploitée dans le monde islamique ; ceci est dû à son coût modéré, sa facilité de mise en œuvre, et sa capacité à être modelée ou taillée, il est également capable de s’adapter à tout support architectonique : murs, poteaux, voûtes…


Décor de stuc du patio de los Leones

Décor de stuc du patio de los Leones

Le stuc permettait aux artisans de recouvrir une surface pauvre ou grossièrement terminée, en lui donnant une apparence riche, proche de la perfection et de la virtuosité.  Le stuc est constitué avant tout de gypse, mélangé normalement avec d’autres matériaux, telle la poudre de marbre ou d’albâtre, qui lui apportent consistance et solidité. D’ abord, on réalise une pâte, mélange d’eau et de ces matériaux. Lorsque cette pâte acquiert la consistance désirée, on l’applique sur la surface a`couvrir, en la laissant préparée de manière à y pouvoir sculpter ou modeler des dessins décoratifs .

La sculpture peut être réalisée directement à même la surface badigeonnée de stuc ; mais le plus courant est de dessiner sur la superficie à sculpter, par exemple avec de la poudre de charbon. On utilise aussi une dalle, sur laquelle apparaît le motif décoratif que l’on superpose au mur ; cette dalle est recouverte de poudre de charbon, et en la retirant, la surface se rèvèle dessinée. Il ne reste plus au maître artisan qu’à découper patiemment les zones dessinées à l’aide d’un petit ciseau.

Cette technique, totalement manuelle, était lente et laborieuse. Par la suite, d’abord en Perse, en Irak puis en Espagne – notamment en Andalousie avec l’ Alhambra –, on utilisa la technique du moulage, rapide, précise, et qui nécessitait moins de main d’œuvre. Avec cette technique, le mélange de gypse, encore tendre, était appliqué à des moules en bois qui contenait les motifs. Lorsque le mélange avait séché, on l’extrayait du moule.

Dans les deux cas, la dernière étape était la finition, par laquelle on donnait une meilleure apparence, de l’éclat et de la qualité a`la surface ; elle était patinée au lait de chaux ou à d’autres substances, en fonction de l’aspect final que l’on souhaitait obtenir et des usages et coutumes de chaque zone géographique. Par ailleurs, souvent, la surface finie était peinte de différentes couleurs, différenciant ainsi davantage le fond et les reliefs des motifs.

« La Alhambra est comme un palais de plâtre façonné, dans lequel le stuc ne s’utilise pas seulement pour recouvrir la paroi, mais aussi pour la substituer. Un exemple clair en est le Patio de los Leones ; les cent trente colonnes et quelque qui l’entourent n’ont pas la fonction de reprendre les charges transmises par les arcs, mais celle de soutenir les réseaux raffinés de stuc taillé allant de l’une à l’autre. » (Dominique Clévenot et Gérard Degeorge, Ornementation de l’Islam, p.88)

 

Voir aussi:

LES MOCARABES
LE BOIS
LA CERAMIQUE

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