PARTIE III: MOTIFS GÉOMÉTRIQUES
Les musulmans héritèrent de l’utilisation des motifs géométriques appliqués à la décoration d’édifices de l’ architecture classique, mais ils la perfectionnèrent et lui conférèrent un niveau de complexité et de développement jusqu’alors inconnu, convertissant ainsi la décoration géométrique en une forme artistique de premier ordre. Bien que les motifs géométriques apparaissent sur tous les matériaux utilisés pour l’ornementation architectonique (stuc, bois, briques…), c’est sur les revêtements de murs au moyen de pièces de céramique (azulejos ou alicatados) qu’ils ont essentiellement leur place.
Sur les motifs décoratifs qui ornent les alicatados de l’Alhambra, se cachent des régularités géométriques, basées sur des figures qui se répètent, sur des couleurs qui nourrissent un patron de dessins et transformations géométriques comme les symétries, les rotations ou les translations. La géométrie de la décoration aide à obtenir des perceptions très diverses. La répétition de motifs élargit l’espace à l’infini. Les différentes manières de percevoir les configurations des figures, suivant la manière dont nous figeons notre vue invitent à regarder et regarder encore pour se surprendre avec à chaque fois de nouvelles images du même alicatado. La symétrie des formes peut être perçue comme l’ordre et l’harmonie. La couleur et la géométrie bien articulée favorisent l’imagination et l’appréciation de l’esthétique. Subjacente à ces techniques, il y a toujours une réponse à un problème classique en géométrie : quelles figures géométriques peuvent recouvrir une superficie en étant rangées les unes à côté des autres, sans laisser de vide ni se superposer ?
Une des configurations les plus représentatives, connue sous le nom de « parajita » (cocotte), se retrouve particulièrement, entre autres lieux, sur les soubassements du Patio de los Arrayanes. L’espace se structure au moyen de triangles équilatéraux égaux, modifiés pour en obtenir trois segments circulaires. Ces segments sont organisés de telle manière à conserver la superficie du triangle original. On retrouve au centre de ces triangles une étoile à six pointes ou un hexagone, rangés alternativement au centre, complétant la configuration.
Une autre des formes qui apparaît le plus fréquemment est l’étoile, que l’on retrouve dans une multitude de combinaisons, et qui trouve son origine dans la rotation de carrés. Prenons l’exemple d’une étoile à huit pointes crées par la rotation d’un carré avec un angle de 45 par rapport à son état initial (figure 1). La trame de petits carrés en lesquels se divisent chacun des deux carrés d’origine, sert de guide pour tracer les figures qui composent l’étoile et les nœuds du dessin (figure 2). La composition finale telle que le montre la photo ci-dessous peut combiner des étoiles à nombre de pointes variables, assemblées entre elles, formant un réseau dans lequel les nœuds sont les motifs décoratifs qui unissent et parcourent tout le dessin. L’impression finale donnée et celle d’un labyrinthe sans fin, composé par de multiples formes colorées, qui, vues ensemble, expriment une autre perspective du paysage géométrique.
Pour en savoir plus la décoration et l’ornementation dans l’ architecture islamique, rendez vous aux articles suivant :
PARTIE I: LES MOTIFS EPIGRAPHIQUES
PARTIE II : LES MOTIFS VEGETAUX
Dans ce même chapitre, articles présentant les techniques décoratives les plus courantes rencontrées dans l’architecture islamique
LE STUC
LES MOCARABES
LE BOIS
LA CERAMIQUE
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